Dimanche 28 février 2010, Reglella, près de Ille sur têt

Durée : 5 h 15 - Dénivelé : 540m cumulés - Difficulté : moyen

Le site est juché à 1,5 km environ en aval d?Ille sur Têt, sur la rive gauche du fleuve, sur un lambeau de terrasse alluviale, au pied des collines dont les sommets des crêtes matérialisaient les limites de l?ancienne frontière du Roussillon et du Languedoc de 1258 à 1659.
L?habitat de Reglella était déjà occupé par une petite communauté bénédictine à l?époque carolingienne, communauté confirmée dans ses possessions par Charles le Chauve en 1244.
Ces premiers religieux étaient très certainement, comme les pères fondateurs des monastères de Saint Génis des Fontaines et de Sainte Marie d?Arles sur Tech, des Chrétiens venus de la péninsule ibérique, fuyant l?autorité musulmane.
Contrairement aux abbayes précitées, celle de Reglella ne réussit pas à prendre un réel essor. Mise sous la tutelle du monastère de Saint André de Sorède, ce que confirme un acte de 1121, l?église Saint Clément tomba au rang de simple paroissiale. Mais le monastère périclita et les droits seigneuriaux passent à des seigneurs laïques.
Saint Clément est un édifice à nef unique prolongée vers l?est par une abside semi-circulaire voûtée en cul de four. Le village et l?église sont fortifiés au XIIIe s. Cette dernière fut couronnée d?une tour crénelée à laquelle est venue s?adjoindre une enceinte qui subsiste partiellement.
Mais le peuplement, soumis aux crues dévastatrices de la Têt et de son affluent la Riberette qui ruinaient les terres cultivables et rongeaient le sol et à l?insécurité, s?étiola au XIVe s. Lors du dénombrement de 1387, le village ne comptait que 9 feux.

La paroisse est réunie à Ille en 1502. Toutefois et ce jusqu?à la Révolution, le terroir de Reglella est toujours administrée par un battle qui se charge de récupérer les redevances seigneuriales dues par les tenanciers d?Ille pour les terres qu?ils occupaient.
Pendant l?Ancien Régime, les sobreposats de la horta y termens de Reglella établissent les registres des nombreux conflits qui opposent les propriétaires des vignes aux tailleurs de pierre. Cela n?est pas sans importance, car le site est surtout réputé pour la fabrication des meules.
Les conflits les plus fréquents naquirent toujours à Reglella du fait du passage, à travers les propriétés, des meules de moulin et des rocs taillés dans les grands blocs granitiques du site du roc de la Bada. Les meules étaient dirigées vers le lieu dit salt les moles d?où elles tombaient sur les bancs de sable de la rivière qui amortissaient le choc.
Le droit d?exploiter ces carrières appartenait au seigneur du lieu. Dès 1173, le passage des meules de Reglella est soumis au cens sur un large chemin que les tenanciers doivent laisser libre, mais ces privilèges concernent aussi l?obligation de porter les meules aux divers moulins de l?abbaye. Ces droits échurent ensuite en 1387 à Raymond de Perellos qui pouvait contrôler cette production et qui touchait aussi les droits seigneuriaux s?étendant alors aux moulins à farine. Le lieu était donc très convoité.

En 1469, en effet, les procureurs royaux ordonnèrent d?approvisionner les moulins de Perpignan avec les pierres tirées d?une propriété particulière à Reglella. Ce fut contre la volonté du battle, qui apportait la preuve que les carrières elles mêmes constituaient un monopole disputé au plus haut niveau.
En 1682 la seigneurie passe de Reglella passa à la famille Monclar de Ros. Le baron de Monclar mourut à Landau, en Alsace, où il fut enseveli ; son c?ur fut transporté et déposé dans l?église de Millas.
En 1724, le marquis de Blanes prit le titre de seigneur de Reglella. Son fils épouse en 1746 la fille du comte de Saint Marsal. Lorsqu?il mourut en 1764, son épouse conserva la seigneurie jusqu?à la Révolution. La marquise de Blanes est surtout connue pour sa liaison avec le maréchal de Mailly, gouverneur du Roussillon.
En 1792, elle émigra à Barcelone où elle mourut dans la misère.

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