Dimanche 10 avril, le château de Nyer - N D de la Roca

Un peu d'histoire :
La 1ère mention du nom remonterait à l'an 680 sous la forme Angerra (valle Angerra). Nyer est souvent cité avec une orthographie variable : Valle Engarra en 846 ; Agnerra en 871 ; Anyerro en 950 ; Anger en 985 ;Agner en 1011 . La forme Nyer se rencontre pour la 1ère fois en 1359 mais elle ne devient courante dans les documents qu'au XVIIe s.

Quant à l'origine du nom, les interprétations sont multiples et Lluis Basseda y voit une appellation domaniale : le toponyme serait formé sur un nom de personne germanique Anguerrann-Engarrand. Selon Pierre Ponsich l'ensemble de la vallée formait au VIIe s, avant l'occupation franque, un pagus distinct, un petit territoire indépendant du reste du Conflent. Cette petite région administrative aurait été nommée Valle (synonyme de pagus) Angerra du nom de son bénéficiaire.
Le village de Nyer apparaît au XIe s sous la forme d'un château, le château de la Rocha ou le château de la Roca d'Anyer : Roca désignant d'abord un escarpement rocheux puis le château construit sur ce rocher.
Comme tous les châteaux du haut moyen âge, il intagrait une chapelle dite castrale et les habitants se regroupaient autour recherchant sa protection.
La seigneurie qui dépendait de la vicomté du Conflent appartient au Moyen Age à la famille la Rocha. En 1276, le roi de Majorque concède la justice d'Anyer et du château de la Roca à Guillem la Rocha. Cette mention est sans doute proche de la fondation du château actuellement visible.

En 1344 le roi d'Aragon Pierre IV concède à Ramon la Rocha des fiefs confisqués à Nyer et à Porcinyans. En 1354, le damoiseau Ramon la Rocha fait aveu au roi d'Aragon pour le lieu d'Anyer, le vilar de Porcinyans et le château de la Roca.
Vers 1375 une fille de cette famille transporte la seigneurie à la très puissante famille de Banyuls en apportant en dot à son mari, Raymond IV, la baronnie de Nyer qui échoit par la suite à leur fils Berenger. Celui-ci meurt sans descendance. Son héritage passe à son oncle, frère de Raymond IV, Dalmace II de Banyuls en 1387.
La baronnie restera dans cette famille jusqu'à la Révolution.
Le vieux château est situé à 2 kms en amont du village, à la sortie des gorges de Mantet, à l'extrémité d'un éperon rocheux. Il est absolument invisible, même du village. C'est le type de château refuge, vulnérable parce qu'il est dominé partout dans cette faille où il est enfoncé même si les ravins et les précipices qui l'entourent constituent des défenses naturelles.
Pour aller l'attaquer, encore fallait-il savoir qu'il était là.
Ce n'est que vers la fin du XVe s que le vieux château est abandonné. Les Banyuls avaient construit l'actuel château de Nyer. Venus de Banyuls dels Aspres, cette famille disposait sur le territoire de la commune des propriétés foncières importantes incluant notamment les mines de fer.
Après la Révolution la plupart des biens passent à des particuliers : à Roger de Prades d'abord, puis aux frères Escanyé en 1839 (à l'origine du canal de Nyer à partir de 1851), ensuite en 1854 à Hippolyte Dussard qui poursuivent l'exploitation du fer jusqu'en 1883.Par la suite les mines de fer seront exploitées jusqu'en 1962 (site des Escoums près d'Escarro).
Au XIIIe s, il existait une chapelle primitive dont il ne reste que la porte gothique. Le lieu devint un ermitage au XVIIe s. La chapelle, dédiée à Notre Dame de Vie, fut reconstruite à partir de 1690 et achevée en 1722 en s'adossant sur l'ancienne petite tour carrée du château.
En 1933, on entreprit la construction d'une route devant relier Nyer à Mantet. Ce travail colossal, avec le creusement de trois tunnels dans la roche et l'édification de murs de pierres, fut interrompu par la guerre. Le projet n'aboutit pas, puisqu'en 1945, il fut décidé que la route devant désenclaver Mantet, s'effectuerait à partir de Py.

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